Jieun m'emmène également visiter le Sendaemun Prison History Hall situé à Seodaemun-gu. La prison de Gyeongseong Gamok, construite en 1907, fut utilisée par l'occupant japonais pour mater la résistance coréenne avec une violence inouïe. Les salles de torture côtoient des instruments de domination barbare, une salle de pendaison ou le bâtiment des « activités sportives ». Le gouvernement coréen utilisa le lieu contre l'opposition notamment communiste avec la même cruauté. C'est triste. Les Japonais, dont l'on peut se demander si l'objectif est de pourrir les relations diplomatiques régionales, ont toujours refusé de s'excuser pour les meurtres, tortures et viols commis contre les Coréennes. Dans les années 1930, le Japon, qui occupait la péninsule coréenne, menait une politique expansionniste en Mandchourie. Pour stimuler ses soldats, l'Empire a décidé de mettre des « femmes de réconfort » à leur disposition. Des « stations de réconfort» ont alors été installées dans la région. Près de 200.000 femmes, dont 80 % venues de Corée, se sont retrouvées prisonnières de ce système de viol organisé. Depuis 1992, les victimes se rassemblent chaque mercredi devant l'ambassade du Japon pour réclamer excuses et indemnités officielles de la part du Japon. Faut-il rafraîchir la mémoire de ce gouvernement négationniste avec le massacre de Nankin de décembre 1937 (pendant six semaines, des milliers de civils et entre 20.000 et 80.000 femmes et enfants sont violés par les soldats de l'armée impériale) ? Il y a tout juste un an, deux ministres japonais s'étaient aussi rendus au sanctuaire de Yasukuni, à Tokyo. Ce temple du shintoïsme, symbole fort pour les milieux d'extrême-droite japonaise, comporte les noms de 14 criminels de guerre condamnés par les Alliés à la fin de la guerre ; parmi ces noms figure celui du général Hideki Tojo, le Premier ministre qui avait ordonné l'attaque contre Pearl Harbor. Quelle finesse ces diplomates japonais... .Faut-il aussi leurs rappeler que l'archipel de Dokdo (rocher Liancourt) n'est pas leur propriété ? Dokdo est inscrit pour la première fois sur des cartes japonaises à l'Époque d'Edo (XVIIème siècle) alors qu'il apparaît dans les archives coréennes depuis la conquête du Royaume d’Usan par le Royaume de Silla (1er siècle avant J-C). Le Japon appelle pourtant cet archipel Takeshima (l'« île aux bambous »), car cette plante, une fois installée, est très difficile à déraciner... Le pays occupe illégalement ce territoire, en partie pour étendre ses zones de pêche. Aujourd'hui, Dokdo est révélateur d’une peur - il me semble légitime - profondément ancré dans la conscience collective coréenne : celle d’une reconquête de leur pays par le Japon. Celui-ci, en déclin, semble effrayé par la réussite économique presque insolante de deux de ses voisins.

Chanelle, ma Sud'Af préférée, au lieu de faire semblant de bosser à Gwangju situé à quelques centaines de kilomètres de là, est à Séoul pour récupérer un visa Schengen. Quel coup de maître ! Je saute sur l'occasion pour la retrouver au café et échanger 2 ans de nos vies. Quelques jours plus tard, Yujin nous embarque, Jieun et moi, au marché de Garak, si vivant à la nuit tombée. Sur près de 600.000 m² (soit un petit peu moins que Rungis, le plus grand marché d'Europe), les énormes entrepôts de légumes succèdent au marché au poisson où nous choisissons un délicieux loup servi cru puis en soupe. Au sortir de l'immense labyrinthe, nous assistons aux premières enchères de légumes dans un langage dont les deux filles m'avouent ne rien comprendre. Enfin, après le marché aux herbes de Gyeongdong des premiers jours, c'est l'heure de découvrir celui de Dongdaemun centré sur le textile et les chaussures. Il s'agit en fait d'un carrefour qui concentre, j'en mettrai ma main à couper, l'un des plus gros centres d'achats de textile de la planète. En effet, c'est gigantesque : les centres commerciaux s'enchaînent et Occidentaux, locaux, Japonais viennent faire des affaires jusqu'à tard dans la nuit (les mall ferment vers 5 heures du matin!) ; les professionnels, eux, se concentrent sur les marchés de gros. Pour être honnête, je n'aime pas, je fuis, car le shopping s'il n'est pas « forcé » par la mamalorsqu'elle vient voir ses copines à Paris, est terriblement ennuyant.

 

 

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