Épisode 72 : 'Coz I'm ho(a)ppyÉpisode 72 : 'Coz I'm ho(a)ppy

À 320 euros A/R, le British Airways pour Vancouver est presque un signe du destin ! À ce prix-là, l’escale à Londres est très longue mais parfaite pour boire un coup avec Djo, exilée depuis plusieurs années dans les quartiers du Nord-est de la ville. C’est toujours un amusement de s’engouffrer dans les rames très étroites du plus vieux métro en activité et de sortir à Covent Garden, La Mecque des comédies musicales. Prendre le métro londonien, c’est un peu faire un voyage dans le passé, presque monté dans le Poudlard Express pour rejoindre Pré-au-Lard ! Dans un café du quartier, j’ai à peine le temps de saluer Izabela, une Polonaise rencontrée à Bornéo en compagnie de mon ami Fawz, nouveau papa d’un petit Victor. Ce petit sera un voyageur, sa marraine lui donnera ses premiers éveils musicaux ! Rendez-vous (plus ou moins) pris avec Djo pour un prochain Burning Man ? Depuis mon hublot, le survol du Groenland et des territoires du Nord canadien est un spectacle absolument superbe. Philippe, l’ami caïpirinho m’avait prévenu : la route nord est bien magique. La mer de nuages fait place quelques heures plus tard au lever de soleil sur des étendues blanches, vierges, immenses. Sous le soleil de minuit (Canales, Pellejero), la dernière aventure vraiment réussie du Maltais fait écho à ce désert pur à peu près délaissé par la mégalomanie des hommes, au Yukon, à la Ruée vers l’or. Corto is back, nom d’un chien ! L’accent au couteau londonien est remplacé par celui beaucoup plus doux de Caroline, la Canadienne italophile que j’ai connu le lendemain du départ de César et Nathalie de Paros dans les Cyclades. 3 mois, 3 pays… Paros, Bologne, Vancouver… Que de kilomètres déjà parcouru

Un weekend à Vancouver avant mon court périple américain, c’est la joie. Caroline me fait découvrir Grandville, l’ancien îlot industriel devenu le plus grand marché public du Canada. L’endroit artistique et hipster par excellence est devenu l’emblème de la province la plus multiculturelle du Canada. L’île abrite un superbe marché, la seule distillerie de saké du pays ou une microbrasserie ; à l’image de celle-ci, la Colombie-Britannique est réputée pour ses nombreuses brasseries. Presque autant que Portland, la ville à la plus forte concentration au monde. Dégustation de bières au Craft devant la déculottée du XV de France par nos amis Kiwis donc. Cette fois, ils n’ont pas eu besoin de l’aide de cet escroc de Craig Joubert. Vous l’aurez compris, je n’ai toujours pas dirigé l’arbitrage maison de la finale 2011 ! Le lendemain, voici le quartier chic de Gastown, parfait exemple de la gentrification qui touche le centre-ville. À 2 pas de là, nous voici en plein cœur du NY 1997 de John Carpenter à Downtown East Side où la misère agresse le non initié. Ici, les sans-abri aux dents et traits rongés par les drogues et le mauvais alcool essayent de vendre quelques objets sortis des poubelles pour continuer à espérer. Caroline fait partie d’un groupe de travail chargé par la municipalité de trouver des solutions et de construire des centres d’accueil pour les SDF de la ville. Beaucoup sont chinois, encore plus autochtones. Les immigrés et les rejetés, toujours les mêmes... Trouveront-ils des solutions ? Concentré de pauvreté, de misère, de junkies, d’alcooliques. Dans une ville aux prix exorbitants des logements et du coût de la vie (peut-être supérieur à celui de Paris), peut-il en être autrement ? Selon certaines études, Vancouver serait la deuxième ville la plus chère du monde après H-K. 2 euros le ticket de métro, 8 le sandwich auquel il faut ajouter les taxes et les pourboires supérieurs à 10% du total. La logique du marché, encore et toujours !

Une soupe de ramen pour se remettre de nos émotions et nous voilà dans l’un des plus vieux et plus grand Chinatown du monde. C’est ici que dès le milieu du XIXème siècle se sont installés les Chinois venus travailler dans les mines du mont Caribou puis plus tard dans la construction du chemin de fer de la Canadian Pacific, la célèbre compagnie créée en 1881 ; c’est lorsque la Colombie-Britannique rejoignit la Confédération en 1871 que la liaison Pacifique-Atlantique fut construite. La famille chinoise de Caroline a d’ailleurs fui l’invasion japonaise de HK au début du XXème siècle. De Sacramento à Omaha (Iowa), de Montréal à Grandville, une même histoire transcontinentale : celle de la naissance de 2 nations et celle de Chinaman. Amis bédéphiles, je vous recommande cette série. À Chinatown, nous voilà dans le jardin du docteur Sun Yat-Sen, premier jardin de style Ming construit hors de la Chine et inspiré évidemment de ceux de Suzhou. Le « jardin de la tranquillité » porte, en ce jour, mal son nom. Un marginal se baigne les couilles à l’air et les mains baladeuses dans une eau glaciale avant de courir nu autour du jardin et se frotter aux bambous et aux pins. J’ai beau aimer la nature… L’arrivée des forces de l’ordre fusil à pompes chargé met fin à ce « spectacle » hallucinant. Halluciné et bien perché à coup sûr. Après un an à l’université de Bologne, Caroline s’est rapprochée de chez elle (Victoria sur l’île de Vancouver) pour terminer son cursus de relations internationales à UBC (University British Columbia), l’une des universités les mieux classées du monde. Ses infrastructures sont d’ailleurs très impressionnantes (théâtre et opéra, galeries d’art, jardin japonais, énorme plage, pubs, salle de concert, bibliothèques spécialisées, bâtiment 100% écologique…), c’est une ville plus qu’un campus. La maison des étudiants que Caroline a fait construire lorsqu’elle était présidente de l’AMS (l’association qui représente les 50.000 étudiants d’UBC) ? Un bâtiment de 108 millions de dollars au design superbe où l’on trouve radio, mur d’escalade, restaurant semi-gastronomique ou jardin coopératif. Cuisiner les gros poissons pêchés par le père au large de Victoria, se balader, danser, discuter, c’est bien suffisant pour faire qu’un voyage est réussi ! Une pincée de bonne musique également. Du jazz ? Comme le nom de l’équipe de basket NBA de l’Utah ! Encore un signe…

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