Episode 77 : The single malt experience
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Episode 77 : The single malt experience

Bertie, un jeune Anglais motivé par l’ouverture et le management d’un hôtel de luxe, nous dépose très gentiment à l’autre bout de l’île. Stop, marche, bus seront notre quotidien dans cette île d’Islay. Port Charlotte est secouée par les vents violents qui soufflent sur l’Atlantique. Le froid est glacial le soir venue. À Portnahaven, dans la région rocheuse du Oa, nous voyons -enfin !- une majestueuse colonie de phoques. À part ces très beaux bœufs écossais dignes d'un épisode de Rahan, le fils des âges farouches, la faune sauvage était quelque peu décevante. Le lendemain, de vieux écossais nous déposent aux portes de la distillerie Ardberg, le « single malt » bu par Keanu Reeves dans Constantine. Ici, point d’assemblages (« blend »), les whiskies ne sont que des « single malts » vieillis au minimum 3 ans dans des fûts de chêne, sherry (xérès) ou de bourbon Jack Daniel’s pour Ardberg. Son whisky est utilisé par la maison Ballantine’s pour ses mélanges. Dans la cave de la distillerie Bruichladdich, je découvre avec émerveillement que le breuvage prend forme dans les tonneaux des grands châteaux du Bordelais : La Tour ou Mouton Rotschild (Pauillac), Margaux, Yquem (Sauternes) ou Pétrus (Pomerol). Châteaux mythiques que les amoureux du vin espèrent un jour goûter… problème des finances pardi ! Du whisky au contact d’un rhum Caroni (Trinidad), d’un grand sauternes ou d’un Rivesaltes… une découverte qui vaudrait presque celle du Machu Picchu !

Visiter Islay, sans goûter ses whiskies c’est un peu comme voyager en Inde sans boire de chaï : une hérésie ! Car les 9 « eaux de feu » de l’île (Laphroag, Caol Ila, Bowmore, Ardberg, Lagavulin, Bunnahabhain, Port Charlotte, Bruichladdich et la plus récente Kilchoman) sont réputées pour leur goût très tourbé grâce à l'eau utilisée dans le processus de fabrication ainsi que l’orge fumé à la tourbe, cette matière organique végétale saturée en eau. D’ailleurs, le Ardberg Supernova serait le whisky le plus tourbé au monde. À Ardberg, notre guide bien rigolote nous explique tout le processus de fabrication, de la création du malt (céréale germée cuite pour faire ressortir les arômes) à la mise en bouteilles en passant par la fermentation à base de levures ou la double distillation. Passionnant. J’apprends la signification de « single malt », « vratted malt », « single cask », « heavy peatted », « blend » ou « bourbon » du Kentucky (un whisky à base de maïs, de seigle ou de blé vieilli dans des fûts de chêne noircis à la fumée). Depuis 1815, la maison Ardberg qui prend ses eaux dans le loch Uigeadail (prononcez Oog-a-dal) voisin frise l’excellence. La magnifique dégustation de fin de visite en est la preuve. C’est une plongée sous narines aux arômes subtils. Pour les amateurs, un Ardberg Uigeadail est disponible en dégustation au Bar Kapas. Essayez donc de retrouver ceci :

« Nose : Smokey ocean spice, sweet nuttiness and raisins / Palate : Coal fire smoke, burnt hay embers, pine, almond and dried fruits / Finish : Toffee, mocha, marmalade and smoke ».

3 heures plus tard donc, en ayant fait péter le record du temps de visite, notre guide doit retourner travailler presque la larme à l’œil… C’est à peine si sa supérieure vient l’extirper de Team Baguette. Le lendemain, je visite la distillerie Bruichladdich (1881) de Port Charlotte, propriété de Rémy Cointreau. Le vent souffle, c’est une complainte, celle des Landes Perdues dessinées par G. Rosinski. Le temps est gris, rien de plus normal, car « l’histoire du whisky reste voilée dans les brumes de l’aube celtique » (Sir Robert Bruce Lockhart). La légende veut que les missionnaires irlandais, emmenés par Saint Patrick, rapportèrent de leurs voyages évangéliques en Égypte, la technique de distillation et le premier alambic. Presque une pierre philosophale… Le résultat ? Ce splendide Bruiladdich vieilli en fût de Rioja ou ce délicieux Port Charlotte 2007 disponible à la maison.

Il est temps de quitter Islay, son premier parc hydroélectrique commercial du monde et son énergie houlomotrice pour Edinburgh. La route à travers les Highlands est de toute beauté. Qui a vu Highlander ou Braveheart sait de quoi je parle. Avant de quitter les Hébrides, nous voici chez Yann’s kitchen : je déguste un excellent bar grillé en admirant avec stupeur que mes collègues apprécient vraiment le traditionnel fish & chips. Fat fish & cheap oui ! Amis gastronomes, ne venez pas ici pour des festins gargantuesques : quelques british pie, du vieux cheddar, des cheese cakes ou des shortbreads, pas de quoi s’exclamer « Amazing ! » à l’Américaine. Par contre, c’est THE place to be pour entendre des « fuck ! », « fuck off ! », « WTF ! » ou « fucking yellow card » sortir de la bouche des boyz de Manchester devant un match de Champion’s league ! Man. City jouait, lovely.

L’« Impératrice du Nord » selon Walter Scott, berceau des Lumières d’Écosse (David Hume, W. Scott, Adam Smith…) et des sciences économiques modernes (La Richesse des Nations, 1776) nous accueille à bras ouverts. C’est la ville des pubs où l’on joue des live très rock… et du mythique stade de Murrayfield bien sûr. En haut de High Street, un rocher volcanique massif abrite une splendide forteresse. Où sont donc passés les Begbie, Renton, Sick Boy, Spud ou Tommy du Trainspotting de Danny Boyle ? Les joyaux de la Couronne et les regalia semblent veiller sur une ville aujourd’hui dynamique, prospère, agréable, terriblement excitante le soir venue entre le Oz, l'Opium et autres pubs. Alors que le Saïmon improvise des Nougasongs et que Bart' se la joue Docteur Jeckyll et Mister Hyde(?)/Love(?), on perd peu à peu Tiliane dans ses réflexions plus ou moins cohérentes. Et pendant ce temps là, le petit Tanguy se comporte comme un ange que La Mama en soit sûr ! Mes amis s'en vont vers Glasgow, le Saïmon escortera la paire « Je t'aime moi non plus » (Bart'-Tiliane) à l'aéroport; ma dernière journée se passera dans le centre-ville d'Edinburgh classé au Patrimoine mondial de l'Unesco. Rendez-vous bientôt dans cet excellent bar qui abrite un cinéma où l'on joue du giallo italien ou du Tarantino, une salle de concert, des caves ? Voyageurs, notez le Banshee Labyrinth. Banshee, ça me rappelle encore une aventure prattienne... Moira Banshee O’Danann, la mystérieuse femme de Concert en O mineur pour harpe et nitroglycérine dans Les Celtiques refusera de quitter l’Irlande en compagnie de mon héro pour ne pas lui porter malheur (les Banshees irlandaises étaient des sorcières porteuses de mauvais présages). Corto toujours un peu plus loin dans mes souvenirs…

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